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Rétrospective du 70ème
Novembre 2022
par Mme Claude-Anne Jaquier, Présidente

Toutes les informations que j’ai pu trouver viennent des journaux de « l’action familiale », le nom donné à l’époque au journal de l'Entraide familiale vaudoise.
L’association populaire d’entraide familiale « APEF », l’entraide familiale yverdonnoise dont le président était Monsieur Jean Cochand et l’association d’entraide familiale de Pully participent dès sa naissance, à l’édition de ce journal.

Le Premier numéro paraît le 20 décembre 1952. L’abonnement coûte à l’époque CHF 3.-/année. Ses membres le reçoivent gratuitement. Cette revue vit largement grâce aux publicités et j’ai pu constater, au fil des années que de nombreux commerçants et entreprises yverdonnoises achetaient un encart dans le journal.

En février 1952, quelques mois après sa création l’EFY bénéficie : d’une dépanneuse de ménage, une dépanneuse de raccommodage, dotée d’une machine à coudre électrique, un service de tricotage avec deux personnes capables et pourvues chacune d’une machine, un service de surveillance d’enfants le mercredi après-midi, un service d’échanges d’effets défraîchis, mais propres et en bon état. Sans oublier l’ouvroir les mercredi et jeudi. L’ouvroir est un lieu où l’on se rassemble pour effectuer des travaux de couture et de broderie.


Une année après sa création, notre association compte 300 membres et pour sa première assemblée générale, l’APEF et Pro Familia lui envoient un télégramme de félicitations.
Afin de financer notamment deux machines à laver, mises en location, l’EFY prépare 150 kilos de confiture d’orange qui seront vendues au marché. Cette action perdurera des années et l’idée sera reprise par d’autres associations. Certaines d’entre elles vendent encore actuellement cette délicieuse marmelade.
Je me permets d’insérer dans cette revue, certains éléments de contexte historique. En voilà un premier.
En 1953, la situation du logement est très tendue dans notre Ville qui compte beaucoup d’habitants en difficultés financières. La Commune d’Yverdon offre du terrain pour construire 72 logements à loyers modérés, coûtant environ CHF 93.-/mois pour un 3 pièces. Elle construit également 80 logements à loyer bas, pour un montant de CHF 57.50/mois.
Dans une autre direction, le Groupement du « Coin de terre » s’attelle au problème de la maison familiale de 4 pièces. Les 18 premières maisons subventionnées ont été cédées à leur propriétaire, moyennant un versement de CHF 4'000.- et un loyer de CHF 105.-/mois pendant 35 ans.
L’EFY va être extrêmement active. Pendant des années, elle organisera des séances de cinéma mensuelles et des conférences. Les thèmes récurrents touchent à tous les domaines de la famille, par exemple : « l’argent de poche de nos enfants », « le contrôle des naissances » « la vente à crédits », etc...
A ce propos, pendant des années, le Postscriptum de toutes les publications yverdonnoises dans le journal de l’entraide concernait les méfaits de la vente à crédit : « Méfions-nous de la vente à crédit le principal danger est nous-mêmes, C’est si vite fait de signer et d’obtenir un objet sans avoir à débourser. Mais que de mois cruels par la suite ».
Les 27 et 28 mars 1954, l’EFY organise des cours pour apprendre à devenir militants. Et dans notre ville s’est tenue la première réunion de militants des associations familiales à laquelle des représentants de Pro Familia de Lucerne ont participé.
Cette année-là 360 membres font partie de l’association qui ouvrira un jardin d’enfants.


Pendant cette période, l’EFY milite pour l’octroi des allocations familiales. Lorsqu’elle interroge un député socialise à ce propos, ce dernier réitère son opposition aux allocations. Il estime que ce serait un oreiller de paresse pour les patrons qui les dispenseraient d’augmenter les salaires. En plus, ces allocations seraient une source d’inégalité, lorsqu’un ouvrier médiocre mais père de famille viendrait à gagner plus qu’un excellent ouvrier sans enfant.
Le 30 avril 1955, les efforts de l’association pour stimuler d’autres régions à se créer paient, puisque la section d’Orbe voit le jour.

Cette même année, des cours de puériculture sont organisés pendant une semaine, les soirs de 20 à 22 heures pour le prix de CHF 2.-.
En 1956, Manque de dizenières; une campagne est mise sur pieds pour recruter ces dames qui vont à domicile, encaisser les cotisations des membres.
En 1957, la ville compte 16'000 habitants et 400 familles bénéficient des services de l’EFY.
Création d’un service de garde au foyer pour CHF 1.- de l’heure et l’EFY perçoit CHF 0.50 par soirée.
Les locations de machines à tricoter pour la somme de CHF 2.- par jour et de machines à laver
pour la somme de CHF 2.- par demi-journée et CHF 3.- par jour, battent leur plein.
Les dizenières sont débordées par l’ampleur de la charge et en 1958, l’entraide va introduire le paiement par bulletin de versement des cotisations qui se montent à CHF 9.- par année pour les membres actifs.
Dans un de ses rapports, l’EFY se prononce sur les loisirs en famille en demandant :
Des transports publics qui tiennent mieux compte des charges de la famille.
Des chalets et cabanes ouverts à tous
Des saines bibliothèques avec un département réservé aux petits et aux adolescents.
Des ciné-clubs
Des réductions de prix pour les spectacles de qualité
Les moyens pour tous d’exercer sa créativité
Le rapport conclut en disant : « Les loisirs sont pour la famille les poumons qui l’alimentent d’oxygène, des fenêtres qu’elle ouvre sur le monde, des vitamines nécessaires à sa santé. Vivre de beaux loisirs permet à l’homme de travailler plus joyeusement, de vivre mieux.
Cette même année. Le vestiaire qui se trouvait au Château, déménage à la Rue d’Orbe 14.

En 1959, l’Entraide va participer à la mise en œuvre d’une consultation gratuite des nourrissons assumée par le couple de pédiatres Dolivo et le docteur Jaccard .
Dans le même temps, elle devient membre du Cartel vaudois des services d’aide familiale.
Effectif des membres : 441 et apparition de cireuses à louer.
Deux ans plus tard, les lecteurs du journal doivent payer leur abonnement.
Enfin, une nouvelle loi s’élabore sur la vente à crédit.
La clientèle du vestiaire change quelque peu, puisque, à l’étonnement de certains, les Italiens commencent à venir acheter des vêtements.

14 mai 1962 : le Vestiaire déménage à nouveau et s’établit au sous-sol du Collège des 4 Marronniers.
L’année suivante, l’entraide achète des vélomoteurs pour les aide-familiales
Un an plus tard, un club d’enfants est créé au Quartier des Cygnes.
1965 : fait notoire et bienvenu : La commune augmente son aide à CHF 4'000.-
1966 : la création d’un service d’aide aux personnes âgées, financé par Pro Senecute.
La garderie d’enfants du Lapin bleu ouvre ses portes à la Rue du Four et sera inaugurée le 3 juin 1967.
1968 : une propagande à large échelle est faite pour recruter des aides familiales.
En 1969, l’EFY compte 588 membres, elle devient membre de la FRC et confectionne 600 kilos de confiture à l’orange vendue CHF 6.- le kilo.
En septembre 1971, le vestiaire a un tel succès qu’il ouvre ses portes le jeudi soir, en plus des lundi soir et mardi après-midi. Le vestiaire va percevoir 10 centimes sur chaque objet mis en vente.
En 1974, Monsieur Berlie, directeur de l’OMSV vient débattre à Yverdon sur les relations futures entre notre association et l’OMSV. Une convention sera signées entre ces deux institutions concernant le dépannage familial.
A cette époque, l’Entraide compte 940 membres et seules une quarantaine se déplacent aux assemblées générales. Comme quoi, ce problème date déjà d’hier.
Quand, en 1979, les statuts datant de 1952 sont revisités, le point à relever, est que les membres doivent s’engager à militer dans le cadre de l’association.
1983 : Nouveau déménagement, à la Rue de Neuchâtel et nouveau nom : « A la bonne occase »
Trois ans plus tard, ouverture du vestiaires 4 fois par semaine. L’association compte 1350 membres.

Entre 1989 et 1993, c’est la mise en place des centres médico sociaux. Souvenez-vous des discussions avec Monsieur Berlie, directeur de l’OMSV, en 1974. Il aura fallu 15 ans pour aboutir au début d’une prise en charge des personnes à domicile par les Centres médico-sociaux. Ce fut une période difficile pour l’Entraide qui s’est vu retirer son service d’aide-familiales.

Octobre 1992 : Une allocation maternité de 200 francs est attribuée pour les revenus modestes. Il faudra attendre 2006, pour qu’une loi sur les allocations familiales soit votée.
Souvenez-vous, qu’en 1954 déjà, l’entraide militait pour ces allocations familiales.

1997 Déménagement à la Rue des Pêcheurs. L’Entraide y restera pendant 19 ans avant de se déplacer à l’Avenue des Sports 48 en 2016.
Depuis les années 2000, le journal ne relate que très peu de choses à propos de l’association, qui s’est concentrée petit à petit sur son vestiaire. Elle eut à subir quelques deuils : comme je l’ai dit plus haut, la perte de son service d’aide-familiales et la reprise de la garderie du Lapin bleu par la Commune d’Yverdon-les-Bains.

Que de chemin parcouru ! Quel esprit d’initiative ! Quel avant-gardisme! Que de services offerts à la population pendant toutes ces années. Je ne peux que remercier tous ces bénévoles qui au fil des années se sont battus, ont milité pour permettre aux plus défavorisés d’avoir accès à toute une série de prestations.
Aujourd’hui, il reste le Vestiaire animé par 65 bénévoles qui s’investissent dans ce magasin, comme si c’était le leur. On ne peut que saluer leur esprit d’entreprise et leur sens des responsabilités. Ce magasin est une machine de guerre ! et je les en remercie chaleureusement.

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